Sanctions sur Garantex : comment les traders russes s'adaptent à la fermeture de l'échange de crypto

Publié le oct. 31

15 Commentaires

Sanctions sur Garantex : comment les traders russes s'adaptent à la fermeture de l'échange de crypto

Calculateur de Coût de Transfert Crypto

Comment fonctionne ce calculateur

Calculez le coût total de votre transfert de fonds en crypto après les sanctions sur Garantex. Comprend les frais de conversion et le temps d'attente estimé.

Saisissez un montant entre 10 000 et 500 000 roubles

Garantex a été sanctionné. Et pourtant, les traders russes continuent d'utiliser la plateforme - en mode invisible.

Le 14 août 2025, le département du Trésor américain a réimposé des sanctions à Garantex une plateforme d’échange de crypto-russes fondée en 2019, sanctionnée pour avoir facilité des activités criminelles comme le rançongiciel et les marchés noirs. C’était la deuxième fois en trois ans. La première, en avril 2022, visait son lien avec l’économie russe. La seconde, plus ciblée, l’accusait d’avoir lavé plus de 100 millions de dollars en crypto liés à des cybercriminels. Pourtant, rien n’a arrêté les traders russes. Ils ont simplement changé de méthode.

Les sanctions n’ont pas fermé Garantex. Elles l’ont transformé. Aujourd’hui, ce n’est plus une seule plateforme. C’est un réseau décentralisé - une machine à contourner les sanctions, composée de plusieurs entités invisibles : Grinex une plateforme créée par les anciens employés de Garantex pour continuer ses activités après la saisie de ses serveurs, Exved une plateforme de paiement transfrontalière basée à Moscou qui aide à importer des biens à double usage en Russie, et MKAN Coin un échange basé sur Telegram, opérant depuis Dubaï, qui réplique exactement les fonctions de Garantex. Ensemble, ils forment un écosystème qui fonctionne comme un système bancaire parallèle, sans banque, sans papier, sans trace dans les livres russes.

Comment les Russes transfèrent de l’argent sans que la banque ne le voie

Voici comment ça marche en pratique. Un trader russe veut envoyer 50 000 roubles à l’étranger. Il ne les transfère pas directement en crypto. Il les envoie à une entreprise de Hong Kong appelée Feilian Company Limited une entité enregistrée à Hong Kong mais avec un compte à Alfa-Bank en Russie. Cette entreprise, qui n’a aucun lien apparent avec Garantex, reçoit les roubles, les convertit en dollars, en yuans ou en USDT une stablecoin émise par Tether, largement utilisée pour les transferts illégaux, puis les envoie à un exportateur en Thaïlande, en Géorgie ou au Brésil.

La clé ? Aucune transaction crypto n’apparaît dans les relevés bancaires russes. Les banques voient juste un paiement vers une société de Hong Kong. Les autorités occidentales voient un transfert de crypto vers une entité sanctionnée. Mais personne ne voit le lien complet. C’est ce que les enquêteurs de Transparency International Russia un groupe d’experts en exil qui a documenté les réseaux de contournement des sanctions appellent « l’élément crypto invisible ».

Les frais ont doublé. Le temps d’attente a triplé.

Il n’y a pas de miracle. Contourner les sanctions a un prix. Avant les sanctions de mars 2025, les frais pour convertir des roubles en USDT sur Garantex étaient de 0,1 %. Aujourd’hui, ils atteignent 1,5 %. Les utilisateurs sur le forum BitBrothers une communauté russe de traders de crypto se plaignent que les transactions prennent maintenant 24 à 48 heures, contre 2 à 4 heures auparavant.

Le processus d’inscription a aussi changé. Avant, un nouveau trader pouvait ouvrir un compte en 24 heures. Aujourd’hui, il faut 2 à 3 semaines pour être vérifié - et encore, seulement si on a un parrain. Les nouveaux utilisateurs doivent maintenant suivre des guides sur Telegram pendant 3 à 4 semaines avant de pouvoir effectuer leur premier transfert. Les canaux de support officiels ont disparu. À la place, des bots Telegram répondent par des messages pré-écrits. Tout se fait par les communautés. Les traders partagent des captures d’écran, des adresses de portefeuilles, des astuces pour éviter les drapeaux rouges.

Un robot tête de USDT convertit des roubles en crypto derrière un comptoir bancaire, avec des portails vers d'autres pays.

Un réseau international, avec des points d’ancrage dans 8 pays

Garantex et ses successeurs ne sont pas un simple site web. C’est une infrastructure transnationale. Les serveurs ont été saisis en Allemagne et en Finlande. Les fonds ont été gelés aux États-Unis. Les dirigeants ont été arrêtés en Inde. Mais le réseau s’est réorganisé.

Les opérations sont maintenant réparties entre :

  • Moscou : Exved, qui gère les paiements et les transferts vers les exportateurs
  • Dubaï : MKAN Coin, qui sert d’interface pour les utilisateurs russes sur Telegram
  • Hong Kong : Feilian Company, qui fait le pont entre roubles et crypto
  • Grèce, Géorgie, Thaïlande, Brésil, Kyrgyzstan : des comptes bancaires étrangers utilisés pour recevoir les fonds en dollars ou en yuans

Le tout est relié par des agents locaux, souvent des anciens employés de Garantex ou des traders expérimentés. Ce n’est plus une entreprise. C’est un écosystème vivant, qui réagit aux sanctions comme un organisme vivant - il change de forme, de lieu, de nom.

Les chiffres parlent : 300 millions de dollars par mois, 18,7 millions de traders russes

Malgré les sanctions, la demande ne diminue pas. Selon Transparency International Russia, le réseau Garantex-Grinex-Exved-MKAN traite environ 300 millions de dollars par mois. Cela représente 15 % de tous les transferts de crypto hors de Russie.

Le nombre de traders russes a lui aussi augmenté. En juin 2025, la Banque centrale de Russie a déclaré que 18,7 millions de Russes possédaient des actifs crypto - une hausse de 22 % en un an. Pourquoi ? Parce que les roubles perdent de la valeur. Parce que les banques occidentales bloquent les virements. Parce que les traders veulent accéder à des marchés internationaux. Et parce que, pour eux, Garantex n’est pas un criminel. C’est la seule porte qui reste ouverte.

Une pieuvre en portefeuilles crypto étend ses tentacules à travers huit pays, symbolisant le réseau de contournement des sanctions.

Les États-Unis réagissent - mais le jeu du chat et de la souris continue

Le Trésor américain a réagi en augmentant les sanctions. Il a gelé les actifs de six entreprises associées : A7, A71, A7 Agent, Old Vector, InDeFi Bank et Exved. Il a offert jusqu’à 6 millions de dollars de récompense pour des informations conduisant à l’arrestation des dirigeants de Garantex - dont Aleksandr Mira Serda, toujours en fuite.

Le FBI a confirmé que les fraudes en crypto ont augmenté de 66 % en 2024, atteignant 9,8 milliards de dollars aux États-Unis. La Russie représente 12 % de ces pertes mondiales, selon Chainalysis une entreprise de traçage de crypto qui analyse les flux illégaux. Mais les autorités admettent aussi que leurs outils traditionnels ne suffisent plus. Michael Gronager, PDG de Chainalysis, l’a dit en septembre 2025 : « Les sanctions ne suppriment pas les plateformes criminelles. Elles les rendent plus sophistiquées. »

Les banques communautaires américaines, via l’ICBA l’association des banques communautaires américaines, appellent à une meilleure coopération internationale. Mais en Russie, les traders n’attendent pas les décisions de Washington. Ils utilisent Telegram. Ils échangent des adresses. Ils apprennent par essais et erreurs. Et ils continuent.

Et maintenant ? La fin des sanctions, ou la fin des outils traditionnels ?

Les sanctions contre Garantex n’ont pas réussi à l’arrêter. Elles l’ont rendu plus résilient. Elles ont forcé les traders russes à devenir plus malins. Elles ont créé un réseau qui n’a pas besoin de nom, de siège social, ni même d’un site web. Il fonctionne sur des messages cryptés, des comptes bancaires étrangers, et des stablecoins qui ne changent jamais de valeur.

Les États-Unis et l’Europe peuvent sanctionner des noms. Ils ne peuvent pas sanctionner un comportement. Tant que les Russes voudront envoyer de l’argent à l’étranger, tant que les marchés noirs voudront se faire payer en crypto, tant que les banques ne pourront pas suivre les flux en temps réel - ce réseau survivra. Il n’a pas besoin d’être légal. Il a juste besoin d’être efficace.

La question n’est plus de savoir si Garantex existe encore. La question est : combien d’autres Garantex vont naître dans les prochains mois ? Et qui les arrêtera, quand même les outils de 2025 ne suffisent plus ?

Pourquoi les sanctions sur Garantex n’ont-elles pas arrêté les traders russes ?

Les sanctions ont fermé l’ancien site de Garantex, mais pas son réseau. Les fondateurs ont créé des plateformes alternatives comme Grinex, Exved et MKAN Coin, qui fonctionnent en parallèle. Les traders utilisent des passerelles comme Feilian Company pour convertir les roubles en USDT sans laisser de trace dans les banques russes. Le système est décentralisé, donc impossible à tuer d’un seul coup.

Comment les Russes transfèrent-ils de l’argent sans que les banques le voient ?

Ils envoient des roubles à une entreprise de Hong Kong, Feilian Company Limited, qui a un compte à Alfa-Bank. Cette entreprise convertit les roubles en dollars, yuans ou USDT, puis envoie l’argent à un exportateur à l’étranger. Aucune transaction crypto n’apparaît dans les relevés bancaires russes. Les banques voient juste un paiement à une société étrangère - pas le lien avec la crypto.

Quels sont les risques pour les traders russes aujourd’hui ?

Les risques sont plus élevés. Les frais ont doublé, les délais ont triplé, et les systèmes sont moins fiables. Les comptes peuvent être gelés à l’étranger. Les agents peuvent être des escrocs. Les bots Telegram ne fournissent pas de support. Et si vous êtes identifié comme un utilisateur de Garantex, vous pourriez être ciblé par des sanctions internationales, même si vous n’avez rien fait de criminel.

Pourquoi les USDT sont-ils si populaires dans ce réseau ?

Les USDT (Tether) sont une stablecoin, donc leur valeur reste à 1 dollar. Elles sont acceptées partout, même dans les pays où les banques refusent les autres crypto. Elles sont faciles à transférer, difficiles à tracer en pratique, et ne nécessitent pas d’intermédiaire. Pour les traders russes, c’est la monnaie invisible par excellence.

Est-ce que Garantex est toujours en ligne ?

Le site original a été fermé en mars 2025. Mais le réseau continue sous d’autres noms : Grinex, Exved, MKAN Coin. Ce ne sont pas de simples répliques - ce sont des extensions du même système, avec les mêmes équipes, les mêmes clients, les mêmes méthodes. Pour les utilisateurs, c’est toujours Garantex. Juste sans le même nom.

Quelle est la taille du réseau Garantex aujourd’hui ?

Selon les enquêtes de Transparency International Russia, le réseau traite environ 300 millions de dollars par mois. Il compte des centaines de milliers d’utilisateurs actifs en Russie, et des partenaires dans huit pays. Il représente 15 % de tous les transferts de crypto hors de Russie, ce qui en fait l’un des plus grands systèmes de contournement de sanctions au monde.

15 Comments

  • Image placeholder

    Stephane Castellani

    novembre 1, 2025 AT 14:01
    Les sanctions, c’est juste un coup de poing dans le vide. Les gens trouvent toujours un moyen.
  • Image placeholder

    Blanche Dumass

    novembre 3, 2025 AT 04:52
    C’est fascinant, vraiment. On dirait un organisme vivant qui se régénère chaque fois qu’on le perce. Comme un hydre, mais avec des USDT.
  • Image placeholder

    Philippe Foubert

    novembre 5, 2025 AT 00:05
    Le truc, c’est que les banques sont encore en mode 2010. Elles veulent des SWIFT, des KYC, des paperasseries. Mais les traders, eux, ils sont en mode Web3 pur : Telegram, bots, portefeuilles hot, et pas de trace. Le système est décentralisé, donc impossible à kill. C’est du pure crypto-anarchisme en action.
  • Image placeholder

    Carmen Wong Fisch

    novembre 5, 2025 AT 19:29
    Bon, j’ai lu, j’ai compris. Mais j’ai pas envie de me fatiguer à réfléchir à ce que ça veut dire. C’est juste un truc de fous.
  • Image placeholder

    Stéphane Couture

    novembre 6, 2025 AT 09:12
    C’est pas un réseau. C’est un virus. Et les États-Unis ? Ils sont en train de se faire manger vivant par leur propre arrogance. Ils pensent que sanctionner un site web, c’est arrêter une idée. Ils n’ont jamais compris que la crypto, c’est pas un logiciel. C’est une croyance.
  • Image placeholder

    James Coneron

    novembre 7, 2025 AT 15:17
    Vous croyez que c’est juste des traders ? Non. C’est une opération militaire. Les anciens de Garantex sont des ex-militaires russes. Les serveurs en Grèce ? Gérés par des mercenaires du Wagner. Les comptes en Hong Kong ? Propriété du FSB. Toute cette histoire est un leurre pour masquer le transfert d’or et d’armes vers l’Iran et la Corée du Nord. Les USDT ? Juste un camouflage. Les vrais flux, c’est l’or physique qui traverse la Turquie. Les banques ne voient rien parce qu’elles ne cherchent pas. Elles sont payées pour ne pas voir.
  • Image placeholder

    Anne Sasso

    novembre 9, 2025 AT 02:23
    Je trouve cette situation extrêmement préoccupante. La fragmentation des infrastructures financières, la décentralisation des flux monétaires, et l’absence totale de traçabilité légale constituent un risque systémique majeur pour l’intégrité du système financier international. Il est impératif que les autorités européennes coordonnent une réponse légale et technique immédiate.
  • Image placeholder

    Julie Collins

    novembre 10, 2025 AT 18:16
    C’est comme si quelqu’un avait pris le code source du monde et l’avait compilé en mode « clandestin ». Tous ces noms, ces pays, ces bots… c’est une symphonie du contournement. Et le plus beau ? Personne ne sait qui a écrit la partition. C’est du chaos organisé. J’adore.
  • Image placeholder

    Anne-Laure Pezzoli

    novembre 11, 2025 AT 09:42
    Je me demande comment les gens font pour rester calmes avec tout ça. Je vois des amis qui perdent des semaines à apprendre les bons canaux Telegram, à vérifier les adresses, à éviter les arnaques. C’est épuisant. Mais ils le font. Parce qu’ils n’ont pas le choix.
  • Image placeholder

    Denis Enrico

    novembre 12, 2025 AT 03:15
    Les États-Unis ont perdu. Pas parce qu’ils sont faibles, mais parce qu’ils sont idiots. Ils pensent que la loi peut contrôler la technologie. Ils ne comprennent pas que la blockchain, c’est la fin de l’État-nation. Garantex n’est pas une entreprise. C’est un culte. Et les 18,7 millions de Russes, ce sont les fidèles. Ils ne veulent pas de banques. Ils veulent la liberté. Et la liberté, ça ne se sanctionne pas. Ça se répand.
  • Image placeholder

    james rocket

    novembre 14, 2025 AT 02:15
    La vraie question, ce n’est pas comment ils font. C’est pourquoi on continue de croire qu’on peut arrêter les gens avec des lois. Les gens veulent échanger. Les gens veulent survivre. Les sanctions ne font que créer des réseaux plus forts, plus invisibles, plus humains. On a essayé de les enfermer. Ils ont juste appris à se fondre dans l’ombre.
  • Image placeholder

    Genevieve Dagenais

    novembre 14, 2025 AT 03:33
    Il est profondément inquiétant de constater que des citoyens russes, en toute connaissance de cause, participent à un système organisé de contournement des sanctions internationales, dont l’objectif est de contraindre un régime autoritaire à cesser ses activités agressives. Ce comportement, loin d’être une forme de résistance légitime, constitue une complicité active avec des réseaux criminels. La morale n’est pas une option. La loi, elle, est universelle.
  • Image placeholder

    kalidou sow

    novembre 15, 2025 AT 18:52
    Les Occidentaux parlent de sanctions comme s’ils avaient le monopole de la justice. Mais qui a sanctionné les banques suisses ? Qui a sanctionné les paradis fiscaux ? La Russie ne fait que répondre à un système qui l’a toujours pillée. Ce réseau n’est pas criminel. Il est juste juste.
  • Image placeholder

    Juliette Kay

    novembre 17, 2025 AT 18:18
    Je suis désolée, mais je dois contredire. Ce n’est pas un réseau résilient. C’est un système en déclin. Les frais ont doublé, les délais ont triplé, les utilisateurs doivent suivre des guides de trois semaines. Ce n’est pas de l’innovation. C’est de la dégradation. Les gens ne sont pas plus malins. Ils sont plus désespérés.
  • Image placeholder

    Philippe Foubert

    novembre 19, 2025 AT 17:24
    Tu as raison sur le délai, mais tu oublies une chose : la qualité. Avant, c’était du fast-food crypto. Maintenant, c’est du craft. Chaque transaction est une opération militaire. Tu vérifies les adresses, tu croises les sources, tu attends 48h pour être sûr. C’est pas un bug, c’est un feature. Le système a appris à filtrer les amateurs. Seuls les vrais continuent. Et ceux-là, ils sont plus forts que jamais.

Écrire un commentaire