Restrictions sur le minage de cryptomonnaies en Colombie-Britannique : ce que vous devez savoir en 2025

Publié le oct. 5

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Restrictions sur le minage de cryptomonnaies en Colombie-Britannique : ce que vous devez savoir en 2025

Calculateur d'énergie pour le minage de cryptomonnaies

La Colombie-Britannique a arrêté le minage de cryptomonnaies pour protéger son électricité

En décembre 2022, la Colombie-Britannique a gelé toutes les nouvelles demandes d’alimentation électrique pour les exploitations de minage de cryptomonnaies. Ce n’était pas une mesure temporaire pour calmer les esprits - c’était un coup d’arrêt définitif. Aujourd’hui, en octobre 2025, ce gel est toujours en vigueur, et il le sera jusqu’à la fin de l’année. Aucune nouvelle mine de Bitcoin, d’Ethereum ou d’autre cryptomonnaie ne peut brancher ses serveurs au réseau de BC Hydro. Pas une seule. Pas même une petite usine dans une ancienne usine de sciage.

La raison ? L’électricité. La Colombie-Britannique produit plus de 90 % de son électricité à partir de barrages hydroélectriques. C’est propre, c’est renouvelable, et c’est limité. Quand les mines de cryptomonnaies sont arrivées, elles ont demandé 1 403 mégawatts de puissance - l’équivalent de ce que consomment 570 000 foyers ou 2,1 million de véhicules électriques par an. C’est autant que ce que produirait la nouvelle centrale Site C, en construction depuis des années. Et pour quoi ? Des serveurs qui tournent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sans créer un seul emploi local durable.

Pourquoi la Colombie-Britannique a choisi de dire non

Le gouvernement provincial ne s’est pas contenté de bloquer les demandes. Il a mis en place une loi pour le faire : la Energy Statutes Amendment Act (Bill 24). Cette loi donne au cabinet provincial le pouvoir de décider qui peut ou ne peut pas utiliser l’électricité publique - sans passer par la Commission des services publics. C’est rare. C’est fort. Et c’est légal.

Le ministère de l’Énergie, des Mines et de l’Innovation à faible teneur en carbone a consulté plus de 400 groupes : des Premières Nations, des municipalités, des entreprises, des syndicats, et même des mineurs. Tous ont été invités à participer à des séances en ligne en juillet 2023. La réponse a été claire : la population veut que l’électricité serve les gens, pas les ordinateurs. Les foyers qui passent au chauffage électrique, les entreprises qui remplacent leurs chaudières au gaz, les villes qui installent des bornes de recharge pour voitures - tout ça a plus de valeur que du minage.

Le ministre de l’Énergie, Josie Osborne, l’a dit sans détour : « Le minage de cryptomonnaies consomme d’énormes quantités d’électricité pour faire tourner des ordinateurs, tout en créant très peu d’emplois locaux. » Ce n’est pas une critique idéologique. C’est un calcul économique et énergétique. Pour chaque mégawatt utilisé par une mine, il y a un foyer qui ne peut pas chauffer, une entreprise qui ne peut pas se développer, ou un projet de transport propre qui doit être retardé.

Les tribunaux ont validé la décision

Une entreprise, Conifex Timber, a tenté de contester la loi. Elle exploitait des mines de Bitcoin pour le compte d’une société américaine, Greenidge Generation. Elle voulait 2,5 millions de mégawattheures par an - presque la moitié de la production de la centrale Site C. Elle a porté l’affaire en cour. Et elle a perdu.

La Cour suprême de la Colombie-Britannique a rejeté la demande en début d’année 2024. La Cour d’appel l’a confirmé en juin 2025. Les juges ont écrit que BC Hydro a le devoir de protéger l’intérêt public. Et l’intérêt public, c’est l’électricité pour les résidents, pas pour les serveurs. Pas de droit à l’énergie pour les mines. Pas de privilège pour les cryptomonnaies. La loi l’a dit, les tribunaux l’ont répété : la Colombie-Britannique ne vend pas son électricité à qui veut la prendre.

Un marteau en forme de barrage écrase un serveur de minage dans une cour de justice stylisée.

Les autres provinces ont fait pareil - sauf une

La Colombie-Britannique n’est pas seule. Le Manitoba a gelé les nouvelles demandes en 2022. Hydro-Québec a augmenté les tarifs et mis des plafonds sur la puissance allouée aux mines. Le Nouveau-Brunswick a imposé un moratoire sur les gros projets. L’Ontario a exclu les mineurs des programmes d’économie d’énergie. Tous ont compris la même chose : l’électricité, c’est une ressource stratégique, pas une marchandise à revendre.

La seule province qui dit oui ? L’Alberta. Son marché de l’énergie est dérégulé. Les tarifs sont bas. Le gouvernement encourage les investissements. Les mineurs ont commencé à déplacer leurs opérations vers l’Alberta. C’est un choix. Mais ce n’est pas le choix de la Colombie-Britannique. Ici, on privilégie la transition énergétique, pas les profits à court terme.

Que se passe-t-il après décembre 2025 ?

Le gel actuel expire en décembre 2025. Mais ce n’est pas une date de fin - c’est une date de départ. Le gouvernement ne va pas lever la restriction. Il va la remplacer par une politique permanente. Et cette politique, ce ne sera pas un retour en arrière. Ce sera une nouvelle règle : les mines de cryptomonnaies ne seront plus acceptées, sauf si elles répondent à des critères extrêmement stricts. Par exemple : utiliser uniquement de l’électricité excédentaire, ne pas consommer plus de 10 mégawatts, ou créer des emplois locaux réels.

Le ministère a déjà dit qu’il ne veut plus de mines à grande échelle. Il veut des projets pilotes, pas des usines de serveurs. Il veut de la transparence, pas des opérations cachées. Il veut des partenariats avec les communautés, pas des entreprises qui viennent, branchent, et s’en vont.

Carte du Canada : la Colombie-Britannique est marquée d'une croix rouge, l'Alberta accueille des mineurs fuyards.

Que faire si vous êtes un mineur ou un investisseur ?

Si vous avez un projet de minage en Colombie-Britannique, la réponse est simple : il ne sera pas autorisé. Pas maintenant, pas après 2025. Les demandes déjà déposées avant décembre 2022 ont été refusées. Les nouvelles demandes ne sont même pas traitées. Le réseau est fermé.

Les mineurs qui pensaient que Vancouver serait une « ville amie du Bitcoin » se sont trompés. Le conseil municipal peut voter des résolutions symboliques, mais il ne contrôle pas l’électricité. BC Hydro, c’est le gouvernement provincial. Et il ne négocie pas sur l’énergie.

La seule option réelle ? Déplacer votre projet vers l’Alberta. Ou investir dans des technologies qui consomment moins d’énergie - comme les mineurs à énergie solaire ou éolienne, mais même là, vous devrez prouver que vous n’impactez pas le réseau local. Et même dans ce cas, la Colombie-Britannique ne garantit rien.

Le minage de cryptomonnaies, c’est une bulle énergétique

Le prix du Bitcoin a atteint 107 000 $ en 2025. Les profits sont énormes. Les mineurs disent qu’ils créent de la richesse. Mais la richesse ne se mesure pas seulement en dollars. Elle se mesure aussi en emplois, en logements chauffés, en transports propres, en air pur.

La Colombie-Britannique a choisi de ne pas sacrifier son avenir énergétique pour une technologie qui, dans sa forme actuelle, ne crée rien de durable. Ce n’est pas une question de moralité. C’est une question de priorité. Et pour le moment, les foyers, les entreprises et les projets de décarbonation l’emportent sur les serveurs.

Si vous pensez que le minage de cryptomonnaies est l’avenir, la Colombie-Britannique ne sera pas votre futur. Mais si vous pensez que l’énergie propre, les emplois locaux et la stabilité des tarifs sont l’avenir - alors vous êtes chez vous.

Pourquoi la Colombie-Britannique interdit-elle le minage de cryptomonnaies alors que d’autres provinces le permettent ?

La Colombie-Britannique produit presque toute son électricité à partir de l’hydroélectricité, une ressource limitée et précieuse. Le gouvernement a choisi de prioriser l’alimentation des foyers, des entreprises et des projets de transition énergétique (comme les chauffages électriques et les véhicules électriques) plutôt que d’alimenter des mines qui consomment beaucoup d’énergie mais créent peu d’emplois locaux. Les autres provinces comme l’Alberta ont des marchés énergétiques différents et des politiques plus libérales.

Le gel sur le minage va-t-il être levé après décembre 2025 ?

Non, il ne sera pas levé. Le gel actuel expire en décembre 2025, mais le gouvernement prépare une politique permanente qui exclura la plupart des grands projets de minage. Seuls les projets très petits, à faible consommation, et qui créent des emplois locaux pourraient éventuellement être autorisés - mais les grandes exploitations comme celles de Greenidge ou Conifex ne seront jamais acceptées.

Puis-je encore miner des cryptomonnaies à la maison en Colombie-Britannique ?

Techniquement, oui - mais c’est illusoire. Les petites mines domestiques ne sont pas explicitement interdites, mais BC Hydro ne fournit pas de nouvelles connexions, et les tarifs pour les gros consommateurs sont devenus prohibitifs. De plus, miner avec une seule machine à la maison ne génère plus de profit après les coûts d’électricité et de refroidissement. La plupart des mineurs professionnels ont déjà quitté la province.

Pourquoi Vancouver veut-elle être une « ville amie du Bitcoin » si la province l’interdit ?

Le conseil municipal de Vancouver a adopté une résolution symbolique pour promouvoir l’innovation financière et attirer des entreprises technologiques. Mais les municipalités ne contrôlent pas l’électricité. BC Hydro, qui gère l’alimentation en énergie, relève du gouvernement provincial. La résolution de Vancouver n’a aucun effet juridique sur les connexions électriques ou les projets de minage.

Quel impact a eu cette décision sur les prix de l’électricité en Colombie-Britannique ?

Les prix de l’électricité n’ont pas augmenté - au contraire. En empêchant les mines de consommer des millions de mégawattheures, le gouvernement a préservé la capacité du réseau pour les foyers et les entreprises. Cela a évité des hausses de tarifs potentiellement importantes. Les clients résidentiels n’ont pas eu à payer pour le minage de cryptomonnaies, ce qui a maintenu la stabilité des coûts énergétiques.

16 Comments

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    Julie Collins

    novembre 1, 2025 AT 18:52
    C’est fou comment une province peut choisir de dire non à l’argent facile… et avoir raison. 🌱 L’électricité, ce n’est pas un produit Amazon, c’est le sang de la société. Je trouve ça inspirant, franchement.
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    Anne Sasso

    novembre 2, 2025 AT 01:51
    Je soutiens pleinement cette décision. L'électricité hydroélectrique est une ressource stratégique, non une marchandise à vendre aux spéculateurs numériques. La priorité doit être accordée aux citoyens, aux entreprises locales et à la transition énergétique.
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    Nadine Jansen

    novembre 3, 2025 AT 16:49
    La loi BC 24 est un modèle de gouvernance énergétique éclairée. Elle repose sur une analyse rigoureuse des externalités, et non sur des pressions de lobbying. Les tribunaux ont parfaitement raison de la valider.
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    yves briend

    novembre 5, 2025 AT 01:38
    En tant qu’ingénieur en systèmes énergétiques, je peux vous dire que 1 403 MW, c’est l’équivalent de 3 centrales nucléaires de petite taille. Et pour quoi ? Des ASICs qui chauffent une pièce et génèrent 0,0001% du PIB local. C’est un gaspillage énergétique absolu. La BC Hydro a fait le bon choix. Point.
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    Anais Tarnaud

    novembre 6, 2025 AT 17:23
    Ah oui, bien sûr… on interdit les mines parce que les serveurs sont ‘pas durables’. Mais les éoliennes, les panneaux solaires, les batteries lithium, les mines de cobalt en RD Congo… elles, elles sont ‘durables’ ? 😏 C’est le même système, juste avec un autre logo. Vous êtes tous des hypocrites écolos.
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    Denis Enrico

    novembre 7, 2025 AT 06:55
    Vous croyez vraiment que c’est pour l’électricité ? Non. C’est pour contrôler. La cryptomonnaie menace les banques centrales. Cette interdiction, c’est une guerre économique déguisée en écologie. Les gouvernements ont peur de perdre le monopole de la monnaie. C’est pour ça qu’ils bloquent tout.
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    Juliette Kay

    novembre 8, 2025 AT 10:35
    Il est regrettable que la Colombie-Britannique adopte une politique protectionniste et anti-innovation. Le marché libre devrait décider de l’allocation des ressources énergétiques, et non une bureaucratie étatique. Ce n’est pas un débat énergétique, c’est un débat idéologique.
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    Baptiste rongier

    novembre 9, 2025 AT 11:48
    Je trouve ça profondément humain. On a tellement tendance à croire que plus de technologie = plus de progrès. Mais ici, on a choisi de dire : ‘non, on va d’abord prendre soin des gens’. C’est rare. Et c’est beau.
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    Sabine Petzsch

    novembre 10, 2025 AT 07:58
    J’adore comment les Québécois et les Manitoabains ont suivi le mouvement. C’est une belle vague de bon sens qui traverse le Canada. 🇨🇦✨ Moi j’habite en Normandie, et je rêve qu’on fasse pareil ici… mais bon, on préfère encore brûler du charbon en silence. 😔
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    Anne-Laure Pezzoli

    novembre 12, 2025 AT 01:00
    Je me demande ce que deviennent les travailleurs des anciennes mines. Ont-ils été reclassés ? A-t-on mis en place des programmes de reconversion ? C’est une question qu’on ne pose pas assez souvent.
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    Louis Karl

    novembre 12, 2025 AT 05:09
    les mineurs ont juste voulu faire du btc et la gouv a dit non. c’est pas compliqué. si tu veux miner, va en alberta. c’est pas la fin du monde. arrêtez de faire des articles de 10 pages pour dire ‘on a choisi les gens’. on sait. on a compris.
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    kalidou sow

    novembre 12, 2025 AT 06:03
    La Colombie-Britannique a agi comme un État souverain. Les autres provinces sont des vassaux du capitalisme financier. L’Alberta vend son énergie comme un marchand de sable. La France devrait prendre exemple. Pas de place pour les parasites numériques chez nous.
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    Beau Payne

    novembre 12, 2025 AT 13:22
    La vraie question n’est pas ‘pourquoi interdire ?’ mais ‘pourquoi accepter ?’ 🤔 L’énergie est un droit fondamental, pas un produit de spéculation. Ce que fait la BC, c’est rétablir un équilibre. Un peu de philosophie, un peu de courage. C’est ce que je respecte.
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    Anaïs MEUNIER-COLIN

    novembre 12, 2025 AT 17:11
    Je suis triste. Très triste. Ces mineurs… ils avaient des rêves. Des familles. Des espoirs. Et maintenant, ils sont rejetés comme des déchets. Qui a décidé qu’ils n’étaient pas dignes de vivre ? Qui a posé cette frontière ? Je pleure pour eux.
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    Marcel Roku

    novembre 14, 2025 AT 00:24
    Ah oui, bien sûr, ‘pas d’emplois locaux’. Mais tu sais ce qui crée des emplois ? Les mines de Bitcoin. Les techniciens, les électriciens, les logisticiens, les gardiens… et puis les cafés autour des data centers. Tu penses que les gens mangent des feuilles ? Non. Ils paient leur loyer avec des BTC. Arrête ton discours de collège.
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    Laurent Beaudroit

    novembre 14, 2025 AT 06:00
    Je viens de Dakar. Chez nous, les centrales thermiques crachent des nuages noirs. Ici, vous avez de l’hydroélectrique, propre, renouvelable… et vous la refusez aux machines ? Vous êtes des privilégiés. Ne faites pas semblant d’être des martyrs. Vous avez la chance de choisir. Nous, on n’a pas ce luxe.

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