En 2025, miner des cryptomonnaies au Nigeria n’est pas interdit… mais c’est loin d’être simple. Si vous pensez que c’est comme dans les pays où l’électricité est bon marché et que la régulation est claire, vous vous trompez. Ici, le minage existe dans une zone grise : ni totalement légal, ni officiellement interdit. Ce qui compte, c’est comment vous le faites, et surtout, avec qui vous travaillez.
Le minage n’est pas illégal… mais tout ce qui l’entoure l’est
Personne ne vous arrête à la porte de votre maison si vous avez une rangée de ASICs dans votre garage. Mais si vous essayez d’ouvrir un compte bancaire pour payer vos factures d’électricité ou recevoir vos revenus en crypto, la banque va vous refuser l’accès. C’est la règle depuis 2021, quand la Banque Centrale du Nigeria (CBN) a interdit aux banques de traiter avec les entreprises de crypto. Même si cette interdiction a été assouplie en 2023 pour les entreprises licenciées, le message est clair : sans autorisation officielle, vous êtes hors système.
La loi qui a tout changé, c’est l’Investments and Securities Act (ISA) de 2025. Elle a défini les actifs numériques comme des valeurs mobilières. Cela signifie que toute entreprise qui touche à la crypto - y compris les plateformes de minage-as-a-service, les échanges ou les fournisseurs de logiciels - doit obtenir une licence de la Securities and Exchange Commission (SEC) du Nigeria. Sans cette licence, vous êtes en infraction. Et ce n’est pas une simple amende. La SEC peut suspendre votre activité, révoquer votre licence, et même vous interdire de fonctionner dans le pays.
Les banques ne veulent plus rien savoir
Le vrai piège, ce n’est pas la loi. C’est l’absence d’infrastructure financière. Même si vous avez une licence SEC, vous ne pouvez pas compter sur une banque traditionnelle pour gérer vos flux de trésorerie. La plupart des banques restent prudentes. Alors, comment les mineurs paient-ils leurs équipements ? Comment reçoivent-ils leurs revenus ?
La réponse : les échanges P2P (peer-to-peer). Des plateformes comme Paxful, Binance P2P et des services locaux comme Quidax et Busha ont remplacé les banques. Les mineurs vendent leurs bitcoins ou leurs ethereum directement à d’autres particuliers, en échange de naira, souvent en espèces ou via des transferts mobiles. Entre juillet 2024 et juin 2025, les Nigérians ont échangé 92,1 milliards de dollars en actifs numériques - plus que n’importe quel autre pays d’Afrique subsaharienne. Le marché est immense, mais il fonctionne en dehors du système officiel.
La fiscalité : une bombe à retardement
En juin 2025, le Nigeria a adopté la Nigeria Tax Administration Act (NTAA) 2025, qui entre en vigueur en 2026. Et cette loi change tout. Désormais, tout fournisseur de services sur actifs virtuels (VASP) doit déclarer ses revenus de minage comme une activité commerciale. Si vous ne le faites pas, vous risquez une amende de 10 millions de nairas (environ 6 700 dollars) dès le premier mois, puis 1 million de nairas par mois supplémentaire. C’est une pression financière énorme pour les petits mineurs.
Et ce n’est pas fini. La SEC peut maintenant accéder à vos données télécoms pour tracer vos transactions. L’EFCC (Commission nationale de lutte contre la criminalité économique) et l’NFIU (Unité de renseignement financier) collaborent étroitement avec la SEC. Si vous êtes suspecté de blanchiment d’argent, vous pouvez être ciblé. Même les mineurs individuels ne sont plus à l’abri.
Les infrastructures : l’ennemi invisible
Le Nigeria a une des plus grandes populations de mineurs en Afrique… mais aussi l’une des pires infrastructures énergétiques. Le courant est instable, les coupures sont quotidiennes, et l’électricité coûte cher. Un mineur qui utilise un générateur diesel pour alimenter ses ASICs dépense plus en carburant qu’en équipement. La rentabilité est un mythe pour la plupart.
Comparez cela avec le Canada ou le Kazakhstan : électricité bon marché, régulation claire, accès aux banques. Là-bas, les mineurs construisent des fermes de 10 MW. Au Nigeria, les mineurs réussissent en petits groupes, souvent dans des maisons, avec des panneaux solaires et des batteries. Ce n’est pas du minage industriel. C’est de la survie technologique.
Les licences : un parcours du combattant
En 2024, la SEC a délivré ses premières licences à deux plateformes : Quidax et Busha. Ce n’était qu’un début. Depuis, des dizaines d’entreprises ont déposé des demandes. Mais le processus est lent. Il faut un capital minimum, une garantie de fidélité, un siège social au Nigeria, un directeur local, et des audits annuels. Pour un mineur indépendant, c’est impossible. Seules les entreprises structurées peuvent y arriver.
Et même si vous avez une licence, vous devez aussi respecter les règles de la CBN pour les paiements, les lois anti-blanchiment, et les exigences de la NTAA. Vous n’avez pas juste une obligation. Vous en avez trois. Et elles se chevauchent. Un seul échec, et vous perdez tout.
Le futur : entre espoir et incertitude
Le Nigeria ne veut pas rejeter la crypto. Il veut la contrôler. La National Blockchain Policy 2023 encourage l’adoption de la technologie blockchain pour améliorer la transparence, la gouvernance et les services publics. Mais la crypto minée ? Elle est traitée comme un risque financier, pas comme une innovation.
Les mineurs qui réussissent aujourd’hui sont ceux qui ont appris à naviguer dans cette complexité. Ils utilisent des échanges P2P, des systèmes hors-banque, des panneaux solaires, et ils évitent toute trace bancaire. Ils ne déclarent pas leurs revenus - pour l’instant. Mais avec la NTAA 2026, cette échappatoire va disparaître.
Le minage au Nigeria n’est pas mort. Il est en mutation. Il passe de l’ère du bricolage à celle de l’entreprise régulée. Ceux qui ne s’adaptent pas seront éliminés. Ceux qui s’adaptent, mais sans fonds ni accès aux banques, risquent de devoir déplacer leurs opérations - vers le Ghana, le Kenya, ou même l’Europe.
Que faire si vous voulez miner au Nigeria ?
- Ne comptez pas sur une banque. Utilisez uniquement des plateformes P2P licenciées comme Quidax ou Busha.
- Évitez les gros équipements. Un seul ASIC avec un système solaire est plus durable qu’une ferme de 10 machines avec générateur.
- Ne déclarez rien pour l’instant - mais préparez-vous à le faire en 2026.
- Ne vous associez à aucune plateforme non licenciée. Vous pourriez être considéré comme complice d’activité illégale.
- Si vous avez les moyens, contactez un avocat spécialisé en crypto au Nigeria. Les lois changent trop vite pour deviner seul.
Le minage au Nigeria n’est pas une affaire de puissance de calcul. C’est une affaire de survie juridique, financière et énergétique. Ceux qui le comprennent survivent. Les autres, disparaissent.
Le minage de crypto est-il légal au Nigeria en 2025 ?
Non, il n’est pas explicitement interdit, mais il est fortement réglementé. Le minage lui-même n’est pas illégal, mais toute activité liée - échanges, services de minage, transferts vers banques - nécessite une licence de la SEC. Sans cette licence, vous êtes en violation de la loi. La banque centrale interdit toujours les transactions bancaires avec les entreprises non autorisées.
Puis-je ouvrir un compte bancaire pour mon activité de minage ?
Seulement si vous avez une licence SEC et que la banque accepte de vous servir. La plupart des banques refusent encore de traiter avec les mineurs, même licenciés. Le système bancaire nigérian reste très prudent. La meilleure solution est d’utiliser des échanges P2P pour convertir vos cryptos en naira.
Quelles sont les sanctions pour un mineur non déclaré ?
À partir de 2026, avec la NTAA 2025, un mineur non déclaré qui opère comme un VASP (fournisseur de services sur actifs virtuels) risque une amende de 10 millions de nairas (6 700 $) dès le premier mois, puis 1 million de nairas par mois supplémentaire. En plus, la SEC peut suspendre votre activité, et l’EFCC peut vous enquêter pour blanchiment d’argent.
Les panneaux solaires sont-ils une bonne solution pour miner au Nigeria ?
Oui, c’est l’une des seules solutions viables. L’électricité du réseau est chère et instable. Un système solaire avec batterie permet de réduire les coûts d’exploitation de 60 à 80 %. Beaucoup de mineurs locaux utilisent ce modèle pour faire du minage à petite échelle, avec un seul ASIC ou deux. C’est plus durable que les générateurs diesel.
Pourquoi les mineurs quittent-ils le Nigeria ?
Ils partent pour trois raisons : l’électricité trop chère, les restrictions bancaires, et la peur des sanctions fiscales. Des pays comme le Canada, la Géorgie ou le Kazakhstan offrent des régulations claires, des coûts énergétiques bas, et un accès aux banques. Pour un mineur professionnel, le Nigeria devient une option à risque, pas une opportunité.
Quelle est la différence entre un mineur individuel et une entreprise de minage ?
Un mineur individuel n’a pas besoin de licence… tant qu’il ne vend pas de services, ne crée pas de plateforme, et ne traite pas avec des tiers. Mais s’il vend ses cryptos via une plateforme non licenciée ou utilise un service de minage-as-a-service non enregistré, il devient automatiquement un VASP. Et là, la loi l’applique comme une entreprise. La ligne est fine, mais les autorités la font passer très strictement.
Le Nigeria va-t-il interdire complètement le minage de crypto ?
Non. Le gouvernement ne veut pas interdire, il veut contrôler. La loi de 2025 montre qu’il veut intégrer la crypto dans le système financier officiel, pas l’éliminer. Mais il veut que ce soit fait selon ses règles : avec licences, impôts, traçabilité et contrôle. Le minage libre, sans règles, n’a plus sa place.
Quels sont les meilleurs échanges P2P au Nigeria en 2025 ?
Les plus fiables sont Quidax, Busha, Binance P2P et Paxful. Ces plateformes sont licenciées ou ont des partenariats avec des institutions régulées. Elles offrent des protections contre les escroqueries et permettent de vendre des cryptos en naira avec un minimum de risque. Évitez les plateformes locales non connues : elles sont souvent des arnaques.
Julie Collins
octobre 31, 2025 AT 20:26Le minage au Nigeria, c’est comme jouer à la roulette russe avec un générateur diesel et un ASIC… mais en mode survie. J’adore cette idée de panneaux solaires en petite échelle - c’est du bricolage high-tech qui a plus de âme que les fermes industrielles du Canada. Les Nigérians ont transformé une contrainte en art. C’est pas juste du minage, c’est de la résistance numérique.
Anne Sasso
novembre 1, 2025 AT 11:17Je trouve cette analyse extrêmement rigoureuse, et je suis frappée par la précision des données légales. L’entrée en vigueur de la NTAA 2025, en particulier, constitue un tournant majeur, non seulement sur le plan fiscal, mais aussi sur celui de la gouvernance des actifs numériques. Il est crucial que les mineurs individuels comprennent que la non-déclaration n’est plus une option, même si le système bancaire reste hostile.
Denis Enrico
novembre 1, 2025 AT 16:17La SEC et l’EFCC collaborent ? Bien sûr. Et la Banque Centrale ? Elle est en train de construire un mur de papier pour cacher que l’État nigérian a perdu le contrôle. Ce n’est pas une régulation - c’est une opération de contrôle social. Les mineurs ne sont pas des criminels, ils sont les seuls à avoir compris que l’argent réel ne passe plus par les banques. Et ils ont raison. Le système est mort. La crypto, c’est la résurrection.
kalidou sow
novembre 2, 2025 AT 05:12Vous parlez de minage au Nigeria comme si c’était un problème local. Mais regardez : c’est un modèle africain de résilience. Les Nigérians ne demandent pas la permission. Ils utilisent ce qu’ils ont : le soleil, le P2P, la ruse. Et vous, en France, vous vous plaignez de la taxe sur les crypto. C’est ridicule. Ce n’est pas une question de technologie - c’est une question de courage.
Anais Tarnaud
novembre 3, 2025 AT 23:11Je suis choquée. Vraiment. On parle de mineurs qui utilisent des panneaux solaires, et on les appelle des survivants ? Non. Ce sont des héros. Et pourtant, personne ne les filme. Personne ne leur fait de documentaire. Alors que des gars en Suisse se font payer en Bitcoin pour faire du yoga… On détruit les vrais pionniers pour glorifier les hypocrites. C’est un crime moral.
isabelle monnin
novembre 5, 2025 AT 04:55Je pense que ce qui est étonnant ici, c’est la capacité d’adaptation. Même sans infrastructure, sans banque, sans soutien, les gens trouvent un moyen. Ce n’est pas du minage, c’est de la créativité. Et si vous êtes en train de vous demander si vous pouvez faire pareil, la réponse est oui - mais il faut commencer petit. Un ASIC. Un panneau. Une batterie. Et la patience.
valerie vasquez
novembre 6, 2025 AT 11:24Il est essentiel de souligner que la loi de 2025 ne vise pas à réprimer, mais à intégrer. Le Nigeria ne rejette pas la technologie - il tente de la domestiquer. Ce qui est fascinant, c’est que les mineurs, par leur action informelle, ont déjà forcé l’État à réagir. Ce n’est pas une victoire des régulateurs - c’est une victoire des usagers. La loi suit toujours la pratique, jamais l’inverse.
Denis Kiyanov
novembre 7, 2025 AT 04:44Je suis ému. Vraiment. Ces mineurs nigérians, avec leurs panneaux solaires et leurs échanges P2P, ils sont la preuve vivante que la technologie peut être libre - même quand tout est contre elle. Ce n’est pas du minage. C’est une révolution silencieuse. Et je vous dis : si vous pensez que la crypto est morte, vous n’avez pas regardé au sud.
Anne-Laure Pezzoli
novembre 7, 2025 AT 19:06Je me demande souvent si on ne sous-estime pas la force des communautés qui agissent sans soutien. Le Nigeria n’a pas besoin de banques pour innover. Il a besoin de reconnaissance. Et peut-être, un jour, on arrêtera de voir ces mineurs comme des hors-la-loi, et on commencera à les voir comme des ingénieurs de la survie.
Neil Deschamps
novembre 9, 2025 AT 18:38Il est intéressant de noter que la structure du minage au Nigeria reflète une forme de décentralisation organique, presque anarchiste, qui contredit radicalement les modèles occidentaux de centralisation financière. Les mineurs ne cherchent pas à contourner la loi - ils la réécrivent par l’action. Et cette réécriture, elle se fait en silence, dans les quartiers, avec des câbles, des batteries et des QR codes. C’est une forme de désobéissance civile technologique, et elle est plus efficace que n’importe quelle campagne de lobbying.
Gerard S
novembre 11, 2025 AT 02:56Je trouve profondément poétique que la technologie la plus avancée du monde - la blockchain - soit maintenue en vie par des panneaux solaires et des transferts en espèces. C’est comme si la nature elle-même avait décidé de protéger la liberté. Le Nigeria n’est pas un pays en retard - il est un laboratoire de l’avenir. Et nous, ici, en Europe, nous regardons comme des enfants qui n’ont jamais appris à marcher.
BACHIR EL-KHOURY
novembre 12, 2025 AT 16:34Si vous voulez miner au Nigeria, commencez par apprendre à parler aux gens. Pas aux banques. Pas aux lois. Aux voisins. Aux vendeurs de batteries. Aux gars qui réparent les panneaux. La vraie licence, c’est la confiance. Et la vraie énergie, c’est le soleil. Pas la facture. Vous avez tout ce qu’il vous faut. Allez-y. Essayez. Faites-le. C’est pas une question de capital. C’est une question de volonté.
Alain Leroux
novembre 12, 2025 AT 23:48Je suis désolé, mais je dois contredire. Ce n’est pas une survie. C’est une illusion. Le minage avec solaire est rentable… pendant un an. Ensuite, les batteries meurent, les panneaux se dégradent, et le coût de remplacement dépasse les gains. Ce n’est pas de la résilience - c’est un piège à pauvreté. Les mineurs ne survivent pas. Ils s’épuisent. Et la loi, elle, continue de les rattraper.
Marcel Roku
novembre 14, 2025 AT 12:47Vous croyez que la SEC est sérieuse ? Alors pourquoi ils n’ont pas fermé Binance P2P ? Parce qu’ils ne peuvent pas. Ce n’est pas une loi, c’est un spectacle. La SEC veut des millions de nairas, pas des mineurs. Le vrai danger, c’est pas la taxe - c’est la corruption. Les licences, c’est juste un racket avec des papiers officiels.
Nadine Jansen
novembre 15, 2025 AT 00:27Il convient de noter que l’expression « zone grise » est maladroite : il ne s’agit pas d’une absence de cadre, mais d’un cadre fragmenté, contradictoire, et en constante évolution. La loi de 2025 n’est pas une innovation - elle est une tentative de coordination entre plusieurs autorités aux mandats superposés. La complexité juridique est intentionnelle, et elle sert à dissuader les acteurs informels - sans jamais les éliminer.
Juliette Kay
novembre 15, 2025 AT 23:23Permettez-moi de dire que cette analyse est tragiquement optimiste. Le Nigeria ne cherche pas à contrôler la crypto - il cherche à la réduire à une simple taxe. La blockchain n’est pas un outil de transparence - elle est un outil de contrôle. Et les mineurs ? Ils sont les derniers cobayes d’un État qui a perdu toute confiance en lui-même.
M. BENOIT
novembre 16, 2025 AT 08:17Attends, tu veux dire qu’un gars avec un ASIC et un panneau solaire dans son salon est plus dangereux qu’un banquier qui blanchit des millions ? C’est ça le Nigeria ? Je veux aller là-bas. Je veux miner. Je veux vivre comme un rebelle. Et toi ? Tu veux juste payer tes impôts et dormir tranquille ?
Jean-François Kener
novembre 18, 2025 AT 02:19Il y a quelque chose de profondément humain dans cette histoire. Ce n’est pas une histoire de technologie, ni même d’argent. C’est une histoire de dignité. Des gens qui, face à un système qui les ignore, ont choisi de construire leur propre monde. Pas avec des lois. Pas avec des banques. Mais avec des câbles, du soleil, et la volonté de ne pas disparaître. Et peut-être… c’est ça, la vraie crypto.