Application de l'interdiction des crypto-monnaies en Algérie

Publié le juil. 3

0 Commentaires

Application de l'interdiction des crypto-monnaies en Algérie

Calculateur de pénalités pour crypto-monnaies en Algérie

Calcul des pénalités

La loi n° 25-10 (24 juillet 2025) criminalise toute activité liée aux crypto-monnaies en Algérie. Calculez ci-dessous les pénalités potentielles :

2 mois 12 mois

Informations importantes

La loi n° 25-10 pénalise toute activité liée aux crypto-monnaies, même la simple possession. Les pénalités varient entre 2 mois et 1 an de prison, avec des amendes de 200 000 à 1 000 000 DZD (1 540 à 7 700 USD). La simple possession est suffisante pour engager la responsabilité pénale.

Le 24 juillet 2025, l’Algérie a adopté la loi n° 25-10, une des législations les plus strictes au monde sur les crypto-monnaies. Cette loi ne limite pas simplement l’usage des crypto-monnaies : elle les criminalise complètement. Posséder, acheter, vendre, miner, promouvoir ou même parler publiquement de Bitcoin, Ethereum ou tout autre actif numérique devient une infraction passible de prison et d’amendes lourdes. Ce n’est pas une régulation. C’est une interdiction totale, appliquée avec une rigueur sans précédent.

Qu’est-ce qui est exactement interdit ?

La loi n° 25-10 ne laisse aucune zone grise. Toute activité liée aux crypto-monnaies est interdite, même les plus banales. Posséder des bitcoins dans un portefeuille numérique ? Interdit. Avoir téléchargé une application de trading ? Interdit. Partager un article sur les avantages de la blockchain sur les réseaux sociaux ? Interdit. Créer un site web qui explique comment miner avec une carte graphique ? Interdit. Même les influenceurs qui discutent de crypto sur YouTube ou TikTok risquent d’être poursuivis.

Les infractions couvrent aussi les services techniques : les portefeuilles numériques, les plateformes d’échange, les outils de minage, les applications de paiement en crypto - tout est interdit. Même les entreprises qui proposaient des services de conseil en blockchain doivent fermer. Il n’y a pas de dérogation, pas d’exception pour les projets d’utilité publique, pas de licence pour les start-ups. La loi est absolue : aucun actif numérique, aucune transaction, aucune information n’est autorisé.

Qui applique cette loi ?

L’application ne repose pas sur un seul organisme. C’est un réseau d’agences qui travaille ensemble. La Banque d’Algérie surveille les transactions bancaires pour détecter tout transfert suspect lié à des crypto-monnaies. La Commission bancaire vérifie que les banques ne traitent aucun fonds provenant de crypto-activités - même indirectement. Si un client tente d’envoyer de l’argent vers une plateforme étrangère, la banque est tenue de bloquer l’opération et de signaler le client.

Les autorités de sécurité, elles, surveillent les réseaux numériques. Elles utilisent des outils pour repérer les adresses de portefeuilles, les connexions à des nœuds de minage ou les accès à des sites de trading. Elles collaborent avec les fournisseurs d’accès internet pour identifier les utilisateurs. Si vous avez utilisé un VPN pour accéder à Binance ou Kraken, vous êtes dans le collimateur.

Et puis il y a la justice. Les procureurs ont reçu des instructions claires : poursuivre systématiquement. Les peines sont fixées : de deux mois à un an de prison, et des amendes de 200 000 à 1 000 000 dinars algériens (entre 1 540 et 7 700 USD). Ces montants sont élevés pour un pays où le salaire moyen mensuel tourne autour de 40 000 dinars. C’est une sanction dissuasive, conçue pour effrayer, pas pour réhabiliter.

Un développeur jugé dans une salle d'audience avec des icônes de crypto qui se brisent.

La justification officielle : sécurité et souveraineté

Le gouvernement algérien justifie cette mesure par la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Il cite les recommandations du Groupe d’action financière (GAFI), une organisation internationale qui encourage les pays à renforcer leur contrôle sur les actifs numériques. Mais la réalité est plus complexe.

La Banque d’Algérie a toujours vu les crypto-monnaies comme une menace à la souveraineté du dinar. Dans un pays où les réserves de change sont fragiles et où les transferts d’argent vers l’étranger sont strictement contrôlés, les crypto-monnaies représentent un contournement possible. Un Algérien peut acheter des stablecoins avec des dinars, les envoyer à l’étranger, puis les convertir en dollars ou en euros - sans passer par les canaux bancaires officiels. C’est une faille que le régime ne peut pas tolérer.

Le discours sur la protection des citoyens contre la spéculation sauvage est aussi utilisé. Mais les statistiques montrent que la plupart des utilisateurs en Algérie n’étaient pas des spéculateurs. Ils utilisaient les crypto-monnaies pour sauvegarder leur épargne, payer des services internationaux, ou recevoir des revenus de travail à distance. Beaucoup étaient des freelances, des développeurs, des artistes - des gens qui avaient trouvé dans la blockchain une porte de sortie à l’économie stagnante.

Les conséquences sur le terrain

Avant la loi, l’Algérie était l’un des marchés les plus dynamiques d’Afrique du Nord en matière de crypto. Selon Chainalysis, en juillet 2024, le pays se classait parmi les cinq plus rapides en croissance dans la région MENA. Les volumes de trading peer-to-peer avaient doublé en un an. Des centaines de jeunes développaient des projets blockchain, des écoles privées proposaient des formations en smart contracts, et des entreprises locales commençaient à accepter les paiements en crypto.

Depuis juillet 2025, tout cela a disparu. Les mines de crypto, souvent installées dans les régions avec des subventions énergétiques, ont été fermées. Les serveurs ont été saisis. Les développeurs ont fui vers le Maroc, la Tunisie, ou l’Europe. Les influenceurs qui parlaient de crypto ont été arrêtés ou ont supprimé leurs comptes. Les étudiants en informatique qui voulaient se spécialiser dans la blockchain ont dû changer de filière.

Les conséquences économiques sont réelles. L’Algérie perd non seulement des talents, mais aussi des opportunités d’innovation. Les investisseurs étrangers évitent désormais le pays. Les start-ups technologiques n’osent plus recruter de profils blockchain. Même les projets de blockchain pour la gestion des terres ou la traçabilité des produits agricoles - des applications utiles et non spéculatives - sont bloqués par la loi.

Des machines de minage abandonnées dans le désert, tandis que des personnes partent vers d'autres pays.

Un isolement croissant

Alors que l’Union européenne adopte la loi MiCA pour encadrer les crypto-monnaies, que les Émirats arabes unis et le Bahreïn accueillent des fonds et des entreprises blockchain, l’Algérie choisit un chemin opposé. Elle s’aligne sur la politique de la Chine - une interdiction totale, sans nuance, sans transition.

Cette position la met à l’écart des tendances mondiales. Elle crée un vide juridique où les citoyens ne peuvent plus accéder à des outils financiers modernes, tandis que les réseaux parallèles continuent d’exister dans l’ombre. Des groupes de traders utilisent encore des plateformes décentralisées, des portefeuilles non-custodiaux, et des méthodes de transfert par cash-to-crypto via des intermédiaires. Mais ces activités sont risquées, illégales, et de plus en plus surveillées.

Le gouvernement croit qu’il protège la stabilité financière. Mais il crée un marché noir plus dangereux, plus opaque, et plus difficile à contrôler. En interdisant la technologie, il n’arrête pas les gens qui veulent l’utiliser. Il les pousse vers des systèmes sans garantie, sans recours, et sans protection légale.

Que faire maintenant ?

Si vous êtes en Algérie et que vous détenez des crypto-monnaies, la loi vous expose à des risques. La simple possession est suffisante pour une poursuite. Il n’y a pas de période de grâce, pas de déclaration volontaire. Le seul moyen légal de se protéger est de ne rien faire : ne pas acheter, ne pas vendre, ne pas parler, ne pas miner. Effacer tout historique, supprimer les applications, détruire les clés privées - c’est la seule voie sécurisée.

Les entreprises doivent cesser toute activité liée aux crypto-monnaies, même indirectement. Les développeurs doivent réorienter leurs compétences vers des domaines autorisés : l’informatique industrielle, les logiciels de gestion publique, les systèmes d’information bancaires. Les éducateurs doivent éviter tout contenu sur les actifs numériques, même théorique.

Il n’y a pas de solution facile. La loi est ferme, son application est active, et ses conséquences sont profondes. Ce n’est pas une crise temporaire. C’est un changement structurel. L’Algérie a choisi de fermer la porte à l’avenir numérique. Ce choix aura des répercussions pendant des décennies.

Quelles sont les peines pour possession de crypto-monnaies en Algérie ?

La loi n° 25-10 prévoit une peine de deux mois à un an de prison, ainsi qu’une amende comprise entre 200 000 et 1 000 000 dinars algériens (environ 1 540 à 7 700 USD). La simple possession d’actifs numériques, même sans transaction, est considérée comme une infraction. Les autorités n’ont pas besoin de prouver un usage commercial - avoir un portefeuille numérique suffit à engager la responsabilité pénale.

Les banques algériennes peuvent-elles traiter des transactions en crypto ?

Non. La Commission bancaire a interdit formellement à toutes les institutions financières d’effectuer, d’encourager ou même de tolérer toute activité liée aux crypto-monnaies. Toute tentative de transfert vers une plateforme étrangère, ou d’achat via des services de paiement liés à la blockchain, est bloquée en temps réel. Les banques sont tenues de signaler les clients suspects aux autorités financières.

Les influenceurs et les éducateurs en ligne sont-ils visés par la loi ?

Oui. L’article 6 bis de la loi criminalise explicitement la promotion, la diffusion ou la publicité de crypto-monnaies. Cela inclut les vidéos YouTube, les publications sur Instagram, les articles de blog, les podcasts, et même les réponses sur les forums. Les influenceurs qui expliquent comment fonctionne Bitcoin, ou qui recommandent un portefeuille, peuvent être poursuivis pour « incitation à la violation de la loi ».

La loi s’applique-t-elle aux mineurs de crypto en Algérie ?

Oui. Le minage est expressément interdit, quel que soit le type de matériel utilisé (cartes graphiques, ASIC, serveurs). Même si les mineurs utilisaient l’énergie subventionnée par l’État, leur activité est désormais illégale. Les autorités ont déjà saisi des centaines de machines dans les régions du sud et de l’est du pays. Les mineurs peuvent être arrêtés et condamnés comme tout autre contrevenant.

Y a-t-il des exceptions pour les projets blockchain d’intérêt public ?

Non. La loi ne prévoit aucune exception. Même les projets visant à améliorer la transparence des marchés publics, la traçabilité des produits agricoles ou la gestion foncière sont interdits s’ils utilisent la blockchain ou des actifs numériques. Le gouvernement ne distingue pas entre usage spéculatif et usage utilitaire : toute technologie liée aux crypto-monnaies est considérée comme une menace.